« Je veux être heureux et rendre heureux ceux que j’aime. » Voilà ce que je répondais invariablement quand, au lycée, les profs me demandaient ce que je voulais faire plus tard. Mais la vérité, c’est que je n’en savais rien !
Pourtant, j’étais déjà entrepreneur. À 12 ans, je créais mon premier site et vendais des palmiers ramenés de vacances dans un vide grenier, à 15 je faisais des élevages de serpents, lézards et autres curiosités, et à 17 je me lançais dans le business du porno. Et puis les projets se sont succédés, plusieurs ont dépassés le million de CA, autant son venu mourir dans le cimetière de mes apprentissages. Je possède désormais un doctorat en création d’entreprise, titre autoproclamé qui valorise des études de commerce que je n’ai jamais terminé.
À la recherche de moi-même, mon exploration ne s’est pas cantonnée aux prévisionnels Excel. J’ai arpenté le monde de la nuit, me rêvant le héros romantique d’un roman de Beigbeder. Multipliant les addictions, de l’alcool à la cocaïne, sans oublier les filles, la MDMA et autres ecstasys, je noyais ma mélancolie dans quelques verres de whisky pour m’effondrer dans un sommeil halluciné.
Mais mon ambition m’a toujours sauvé. Je voulais faire la Une de Forbes, rouler en 911, un mannequin pendu à mon bras. Je pensais qu’en étant admiré et envié, je gagnerais le droit d’être aimé. Une vengeance contre mon arrivée au collège compliquée, où, trop différent, innocent et bienveillant, je me suis senti rejeté et pestiféré.
Et puis mon père est tombé malade. Les sodas qu’il buvait à longueur de journée auront eu raison de son foie. Il n’était bientôt plus qu’un squelette atrophié avec un ventre de femme enceinte. Il aurait fait bonne figure dans une campagne de prévention « Boire du sucre tue » à scotcher sur les bouteilles de Coca Cola.
C’était un homme extraordinaire, un génie à sa façon, dont les qualités n’avaient d’égales que ses défauts. Il m’a donné cette fureur de vivre et cette croyance indélébile que rien n’est impossible à ceux qui osent. Et l’envie de ne pas lui ressembler.
J’ai trouvé un exutoire dans le CrossFit. Sous les néons blafards de ce garage rempli de barres, de fontes et de pneus, j’ai réveillé mes sarcomères et fais pétillé mes mitochondries depuis trop longtemps endormies. J’ai toujours été très compétiteur vis à vis de moi-même, cherchant sans cesse à me dépasser. Alors je me suis intéressé aux balbutiements de la nutrition, j’ai lu « Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » de Scott Carney, et commencé à prendre des douches froides. Puis j’ai arrêté de fumer avec un hypnotiseur, et j’ai lancé Limitless Project pour étancher ma soif insatiable d’exploration du potentiel humain.
Il suffit d’une petite lueur au bout du chemin, et le grand puzzle de notre vie se métamorphose. Moi qui ai toujours détesté mon lit, j’y rentrais maintenant avec légèreté pour m’endormir quelques minutes plus tard et me réveiller le lendemain matin en pleine forme. Alors que j’approchais de la trentaine, je ne m’étais jamais senti aussi bien, dans mon corps comme dans ma tête. Fort, endurant, énergique, créatif, bienveillant, apaisé. Même ma légendaire impatience s’était calmée.
Ce podcast m’a amené à vivre des expériences transformatrices, comme cette cérémonie Ayahuasca lors de laquelle j’ai laissé tomber mon armure de fer blanc pour me réconcilier avec mon petit enfant intérieur caché depuis tant d’années. Mais aussi des émotions au delà de la moyenne, des changements de paradigme puissant et des rencontres qui participent chaque jour à m’élever.
Moi qui ai toujours eu peur de l’engagement, je partage mon cœur avec une femme merveilleuse avec qui je m’abandonne simplement à être moi. Sans jugement ni réprimande, elle accepte le tourbillon de mes passions, me soutient dans chacun de mes projets, et participe à faire de Limitless une réussite qui nous dépasse.
Elle est aussi la mère d’une magnifique petite fille qui m’inspire chaque jour, m’émerveille de sa joie de vivre et fait exploser mon réservoir d’ocytocine. Je peux mourir demain, j’ai touché du doigt l’essentiel.
J’ai abandonné mes illusions luxueuses sur le bord du chemin au profit d’un épanouissement de ma nature profonde. Et j’ai enfin trouvé la réponse à la question de mes profs, le sens transcendantal de mon existence : Je veux permettre à chacun de vivre une vie à la hauteur de son plein potentiel. Il est si facile de passer à côté.