#53 : Paléogénomique, fat bashing, et médecine fonctionnelle – Dr Georges Mouton

La médecine fonctionnelle fait le lien entre tous les déterminants de la santé d’un individu : son génome, ses antécédents, ses habitudes de vie, ses niveaux de micro-nutriments, son profil d’acides gras… J’ai moi-même testé cette médecine intégrative pour préparer cet épisode et nous discuterons de mes résultats en toute transparence avec le Dr Georges Mouton.

Cet insatiable curieux est aussi précurseur de l’analyse génétique : dans le précédent épisode, nous avions parlé du gène APOE. Aujourd’hui, nous nous intéressons aux variantes DIO2 qui régulent les hormones thyroïdiennes et dont l’évolution au cours de l’histoire cristallise nos changements d’habitudes alimentaires.

Enfin, nous reviendrons sur l’importance des graisses dans notre alimentation, ses dernières ayant trop longtemps souffert du fat bashing, au profit des glucides qui pourtant favorisent les fluctuations de la glycémie ou encore la caramélisation de notre cerveau. Malheureusement, 3h n’auront pas suffit à venir à bout d’une conversation entre deux passionnés par la vie, et une partie 2 est d’ores et déjà programmée !

La sagesse de la Mamma (07:00)

  • Je devais accompagner une femme Sicilienne en fin de vie. Après analyse de sang, j’ai décrété qu’il fallait enlever 9 médicaments sur 12. Elle s’est éteinte 10 ans après en pleine forme ;
  • Une bonne médecine n’est pas que chimique ! ;
  • Sa fille et ses petites-filles ont essayé d’imiter sa technique pour préparer un gâteau de Savoie : elles n’ont jamais réussi à refaire le même gâteau alors que la mamma Sicilienne réussissait toujours de la même manière son gâteau ! ;

La science de la paléogénomique (12:25)

  • Quand le paléolithique se termine pour aller au néolithique, on parle du mésolithique ;
  • Un article relate l’apparition d’un nouveau variant sur le gène DIO2 qui permet de mieux activer les hormones thyroïdiennes (T4 en T3) ;
  • Les espèces humaines avec lesquelles nous avons cohabité (les différents Homo et Néandertal) n’avaient pas ce variant ;
  • Même si l’agriculture a démarré dans le sud de la Turquie il y a 12 000 ans, il y avait déjà des changements : dans le nord-est du Maroc, ils ont trouvé des traces de sédentarisation. Ces hommes ont donc commencé à manger plus d’aliments comprenant des féculents. Ça coïncide avec la première détection de ce variant ;
  • Quand on a une alimentation plus riche en hydrate de carbone (glucides), il faut plus d’hormones thyroïdiennes pour gérer ce changement alimentaire ;
  • La génomique c’est une manière de personnaliser la compréhension et donc les conseils qu’on peut donner. Ce n’est pas de la pathologie mais des réglages ;
  • Les Néandertals souffraient beaucoup d’une faible population et il n’y avait pas assez d’échanges génétiques ;

L’importance de la thyroïde dans la régulation de notre métabolisme (28:11)

  • La thyroïde, c’est une glande particulière. On ne peut pas la mettre sur le même rang que les autres glandes ;
  • Les récepteurs à T3 se situent dans toutes les cellules du corps et donc c’est la thyroïde et ses dysfonctionnements qui provoquent des perturbations dans les menstruations ;
  • La médecine nutritionnelle, c’est bien beau mais quid des personnes qui ont des problèmes thyroïdiens ou endocriniens  ?
  • L’auto-immunité, c’est un fléau des temps modernes : c’est la quatrième cause de mortalité ;
  • La maladie auto-immune la plus fréquente c’est la thyroïdite auto-immune : il y a des hypothyroïdies (plus de 90% sont auto-immunes) et hyperthyroïdies ;
  • La thyroïde, c’est incontournable ! ;
  • Il y a un siècle, la principale culture pseudo-céréalière, en France, c’était le sarrasin (qui est une graine). Aujourd’hui, on ne retrouve plus que du blé ; 
  • Il y a une dérive génétique avec des sélections et des tripotages du nombre de chromosomes qui fait que le gluten contribue à des hyperthyroïdies ;
  • C’est bien beau de mieux convertir T4 en T3, mais ce n’est jamais qu’une conversion : quand il y a un T3 de plus, il y a un T4 de moins. Et donc une cartouche de moins dans le mitrailleur ;
  • Les Néandertaliens étaient des surhommes, ils pesaient 100 kg de muscles ! ;

Le génotype DIO2 (45:00)

  • Le génotype DIO2 qu’on appelle homozygote variant aujourd’hui est en réalité le sauvage ancestral. On l’appelle variant aujourd’hui parce qu’il n’est plus la norme ;
  • La version qui favorise la conversion qui domine aujourd’hui n’existait pas il y a 50 mille ans. Il y a une sélection pour le variant. 
  • Je pensais que cette activation était motivée par le besoin de s’adapter aux hydrates de carbone dans l’alimentation mais en fait je trouvais suspect l’avantage sélectif pour une modification aussi rapide du génome ; 
  • De toute façon, c’est bien beau de convertir T4 en T3 mais si les stocks de T4 s’épuisent, il y aura un manque de T3 ;
  • Les patients qui ont les deux copies ancestrales de ce gène, je leur demande de manger hight fat low carb ;
  • La subtilité consiste pour ce génotype de ne pas avoir besoin de convertir. Au lieu de toujours ajuster la T3, enlever les glucides permet de ne pas ajuster tout le temps ;
  • 13% de la population ont ce génotype ancestral et ils se sentent mieux en mangeant moins de glucides et plus de graisses ;
  • Il n’y a pas que le DIO2, il y a la capacité que les hommes du nord de l’Europe ont développée pour maintenir la sécrétion de lactose (tolérance aux lactoses) qui est venu avec l’élevage il y a 7 000 ans ;
  • En résumé : DIO2 moderne = meilleure conversion T4/T3 alors que DIO2 ancestraux, il vaut mieux avoir un régime hight fat low carb.

Le génotype qui résiste le mieux à la Covid-19 (55:00)

  • Les trois grandes familles de macronutriments : glucides, lipides et protéines ;
  • L’équilibre des macronutriments est fondamental ;
  • Une bonne étude montre que la mortalité du covid est significativement plus faible chez les hétérozygotes (qui ont une meilleure défense antivirale) ; 
  • Les deux versions homozygotes ont des désavantages : les ancestraux ne font pas assez de T3 pour combattre le Covid mais les modernes épuisent trop leur T4 en T3. 
  • L’air néolithique amène la sédentarisation et l’élevage mais aussi l’urbanisation et donc des risques infectieux comme l’a montré la covid : on a eu une accélération du variant moderne ;
  • Dans mes patients, j’ai plus hétérozygotes que d’homozygote ; 
  • Des génotypes hétérozygotes favorisants est un phénomène rare ;

Les changements de mode de vie de Sapiens (1:06:27)

  • Le néolithique, sur le plan santé, c’est une catastrophe ;
  • L’agriculture, l’élevage et la sédentarité ont permis d’avoir une croissance démographique mais l’humain a perdu 10 cm en taille et a une santé buccale très mauvaise ;
  • On a repris la croissance avec l’hygiène et l’alimentation depuis l’ère chrétienne ;
  • L’argument selon lequel on ne vivait que 30 ans au paléo est faux : il y avait une mortalité infantile très forte qui baisse la moyenne d’âge et beaucoup plus d’accidents qu’aujourd’hui ;

L’importance de la vitamine A (1:13:10)

  • La vitamine A naturelle est très importante pour la conception du futur nouveau-né ;
  • L’activation du bêtacarotène en vitamine A dépend de la T3 et donc les personnes qui manquent de T3 manquent de vitamine A ;
  • La vitamine A est nécessaire pour le bon fonctionnement thyroïdien, c’est donc un cercle vicieux ;
  • Un signe majeur d’hypothyroïdie : les mains orange ;
  • La médecine fonctionnelle, c’est connaître le vivant et connaître la santé alors qu’on apprend aux médecins de nos jours la maladie ;

Les variantes APOE selon la position géographique de nos ancêtres (1:19:40)

  • L’APOE 4 était l’unique version en Afrique au début d’Homo Sapiens ;
  • La plupart de mes patients manquent de graisses alors que le problème c’est la graisse saturée et les excès de cholestérol ;
  • La graisse, elle est aussi végétale ! ;
  • Les personnes de nos jours mangent trop de glucides et pas assez de graisses ;
  • L’huile c’est l’exception : il n’y a que du gras alors que pour les autres, il y a toujours des protéines qui vont avec ;
  • L’intérêt des légumineuses c’est qu’il y a des fibres : pour les APOE4 c’est très intéressant ;
  • Les conseils de nutrition donnés en fonction du génotype c’est de l’arnaque ! ;

Fat Bashing : Pourquoi nous manquons de graisses ? (1:36:20)

  • Nous manquons de graisses parce qu’elles ont été décriées ;
  • La plupart du temps, les personnes manquent d’acides gras ;
  • La texture souple de la peau dépend principalement des oméga 6 ;
  • Celui qui mange trop de junk food aura trop d’oméga 6 et manquera d’oméga 3 ;
  • Faites un test d’acide gras au moins une fois dans votre vie ;

Mon propre cas étudié par la médecine fonctionnelle (1:45:03)

  • Il faut du temps pour apprécier si le changement est bénéfique ;
  • Les personnes s’obstinent à vouloir manger avant de faire du sport par peur de ne pas avoir assez d’énergie. C’est ok mais à condition d’avoir fini sa digestion (3h avant) ;
  • Après un effort intense, il y a une fenêtre à respecter pour manger (15 min) ;
  • Le lien entre déficit de sélénium et cancer est établi ;
  • C’est la pratique sportive qui provoque ce déficit chez David ; 
  • “Mangez varié et vous ne manquerez de rien”, c’est faux ; 
  • Le sélénium et le zinc, c’est tellement important ! Faites-vous contrôler au laboratoire ;
  • C’est comme la B12 : si vous êtes carnivore et que vous êtes en déficit, il y a une mauvaise absorption intestinale ;
  • Il faut investir dans sa performance ;
  • Je suis terrifié car en France, il y a beaucoup d’assistanat ! ;
  • Le jeûne intermittent est l’arme absolue pour lisser la glycémie ;
  • David ne mange pas beaucoup de sucre mais le peu de glucide n’est pas mangé dans le bon timing ;
  • On n’est pas tous égaux, la microbiote intestinale joue un rôle important ;
  • La chronologie est aussi importante que la quantité : il vaut mieux démarrer le repas par les protéines et les lipides, et introduire ensuite les glucides pour éviter un pic d’insuline ; 
  • Un taux d’hémoglobine glyquée trop élevé, c’est la caramélisation du cerveau ;

Quand et combien de fois manger (2:05:15)

  • Les personnes qui mangent 6 fois par jour ne sont pas des humains ! ;
  • Ça fait sens de manger quand il fait jour ;
  • Aucune preuve scientifique ne prouve qu’il ne faut pas manger de protéine le soir ;
  • Je vous conseille de dormir avant 22h30 ;

Ressources

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5 réflexions sur “#53 : Paléogénomique, fat bashing, et médecine fonctionnelle – Dr Georges Mouton”

  1. Merci infiniment à tous les deux , ce pod cast est riche d enseignements , je m y suis retrouvée dans bien des points … je n ai pas vu le temps passer et aurait bien aimé que cela dure davantage !! La bonne humeur qui en émane est délicieuse 😉

    1. Merci pour ce superbe podcast :
      Ou est comment se faire accompagner en nutrition fonctionnelle ? Faire un bilan et un suivi ?
      Merci beaucoup

      1. Bonjour Franck,
        Les médecins du cabinet du Dr Mouton consultent à distance via visioconférence. Ils sont également en partenariat avec un labo qui t’envoie un kit pour aller faire les analyses chez une infirmière libérale. Personnellement, je trouve cette approche passionnante, et je suis convaincu de sa justification quelques fois dans la vie d’une personne, même hors pathologie spécifique. Pour autant, je dois t’avertir du coût prohibitif de cette démarche. Les consultations, x2 au minimum (= 2-3h de travail pour le praticien) = 2×180€ + les analyses dont le coût peut varier selon ce qui est nécessaire = 300-500€, et enfin les compléments éventuels à prendre pendant 4 mois = quelques centaines d’€ aussi en fonction des carences. Ensuite, il peut être pertinent de faire un bilan, donc de nouveau 2×180 + les analyses (moins poussés puisqu’on ne test que ce qui était problématique). Bref, au global, je pense qu’il faut prévoir à minima 1500€. Dans un pays où on a jamais eu l’habitude de payer pour sa santé, ça peut piquer.
        Si tu veux néanmoins les coordonnées du cabinet du Dr Mouton, écris moi par mail sur david@limitless-project.com.
        A bientôt,
        DN

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